Le cœur m'a manquée

D'aller vers toi

Mon ami de la rue

Devenue

Rue de l'ami

Toujours adossé au mur

Au soleil

Tranquille

Sans désir

La bouteille d'un liquide blanc à la main brune

Je ne veux pas que tu vois mon amour

Car je ne saurai qu'en faire

C'est un amour de sensations d'étonnement

D'interrogations multiples

Que je dois mettre de côté

Elles me regardent seule

Ceux sont mes questions

Elles t'importuneraient

Un homme totalement disponible

Dans la rue

Sans projet ni discours

Te parler de moi

Quel culot

Quoi faire avec toi

Dans la rue

Par cette après-midi de soleil

Avec toi disponible

Silencieux

J'ai eu peur

De te retrouver

Si proche et à la fois inaccessible

Mont Blanc de la rencontre urbaine.

Mon ami de la rue

Je suis revenue

Je t'ai cherché

Je t'ai retrouvé au presque même endroit

Que l'autre fois

Le dos appuyé contre le mur

Du vendeur de Mercedes

Une bouteille d'un liquide clair

À la main

Les yeux fixe le sourire aux lèvres

Très lointain

Difficile de t'atteindre

Et pourtant

Je te cherche quand je reviens. N'avoir pas les mains vides d'utiles

Je t'imagine avant de me présenter devant toi

Moi l’embarrassée des ce qui se fait et ne se fait pas

Te donner un peu d'argent

En ai-je ? Oui

N'avoir pas les mains vides d'utiles

Je t'ai acheté des bonbons au miel à la pharmacie pour te nourrir

Pas ceux à l'eucalyptus parce que cela peut te brûler l'estomac

Ton sourire était au rendez-vous

Chaleureux

Oui tu dors dans le chantier près de l'externat Notre dame

Il est bientôt fini

Où iras tu ensuite?

Une question à moi !

Toi tu en es là

Pourquoi

M'en feras tu une confidence lors de mon prochain passage

Toi mon ami de la rue

Toi si loin et si proche

Offert à la passante que je suis.

Les pauvres squatteurs d'ailleurs

Obligés de sauter du premier étage de leur immeuble sans eau et ni électricité

Crime d'état

Tant de poésies écrites  en arabe

Les traiter comme de vulgaire animaux !

Pendu à leur cou une fiche de leur nom

Tout perdu papiers

Téléphone

Chargeur habits

Enfermés dans un gy-mnase comme des fauves

Avec interdiction de les soutenir humainement !

Tu me prends pour une roue en voyageUn trottoir d'attente
Une étendue de plage à caresser
Un soleil muettement jauneUn clair de lunePour tes reins
Tu  jettes
Ton silence avec son épaisseur de veloursÀ mes pieds
L'un de mes deux skis Suit ton ski
Sur trace d'avenir enneigé

Tu me prends pour une bicycletteDont tu tiens le guidon à deux mainsL'orientation en intégrale de ma vie
Sur écorce de chêne


Tu demeures fidèleÀ une rencontre d'hierQui aujourd'hui se joue en contre-façonDe notre essentielDiamant cabossé dans les certitudesFumerolle sans volcan
Du murmure de l'air attentif
Au sommet de notre amour

Tu déchaînes une tempêteSur océan brisé

Je te prendsPour un corsaire perdu sur terreUn renard sans terrierUne fleur de lilas fanée

Je te cueille en bouquet de tendresse
Homéopathie de nos âmes

Ensemble
Remiser au ciel des parfums abandonnés
Nous allons à pas comptés
Sur humus souple